Le commerce
Généralités
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La
ville médiévale n'est jamais très grande.
Dans les rues de la
ville règne une animation intense car les hommes au Moyen
Age vivent beaucoup dehors. Les maisons sont très ouvertes
sur la rue. Chaque matin, les boutiquiers ouvrent leur volet de
bois, et rabattent vers l'extérieur une planche sur laquelle
ils étalent leurs marchandises. La Maison Millière,
à Dijon, en est un bel exemple. Les passants s'y accoudent
à loisir et peuvent ainsi examiner au plein jour les articles
proposés. Certains artisans comme le cordonnier travaillent
dehors, dans la rue. Comme les métiers ont tendance à
se regrouper au même endroit, chaque quartier de la ville
a sa spécialité et sa physionomie propre.
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Tous les
magasins sont en même temps les ateliers où sont créés
les articles. On entend de la rue le soufflet et le marteau du forgeron,
la scie du charpentier, les discussions des habitués du quartier
chez le barbier, et dominant tout cela, les cris des marchands.
Le plus populaire est le crieur de vin,
qui interpellent les passants de sa voix puissante. Le tavernier
l'a engagé pour un jour ou pour une semaine, pour annoncer
dans les rues l'arrivée d'un vin nouveau et le faire déguster
aux amateurs. |
Il
faut ajouter à tous ces bruits le cahotement des chariots
de bois, le grognement des porcs qui errent en liberté, malgré
les interdictions répétées, à la recherche
de déchets, le bêlement des moutons que l'on mène
au marché, les criées en pleine rue d'une levée
d'impôt ou d'une vente aux enchères, les injures des
gens qui se bousculent pour passer dans les venelles étroites.
Il faut imaginer aussi
le son des cloches qui chaque matin fait s'ouvrir les volets des
échoppes, à midi se poser les outils, pour le temps
du déjeuner, et chaque soir rabattre les auvents et fermer
les boutiques. Tout le monde s'arrête en même temps.
Il est formellement interdit de travailler à une lumière
autre que celle du jour : on risquerait de mal besogner faute de
clarté, ou de provoquer un incendie.
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Une
dernière cloche, le soir, annonce le couvre-feu : les
ponts-levis aux entrées de la ville sont relevés,
on ferme les lourdes portes de bois, on abaisse les herses.
Des équipes de gardes assurent le guet de nuit. La
ville sombre dans l'obscurité et le silence. Parfois
une bruyante envolée de cloches déchire le calme
de la nuit. C'est le tocsin qui prévient d'un danger
: une armée ennemie, une troupe de brigands signalées
devant la porte, un incendie qui se déclare. |
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Commerces
de la rue des Forges à Dijon
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Au Moyen-Age, on n'aimait pas les longues rues, ou du
moins, on les tronçonnait sous des dénominations différentes,
afin de faciliter le repérage des maisons qui n'étaient
pas alors numérotées et surtout la tâche du collecteur
des impôts.
Dès
le XIIIème siècle, la rue des Forges est le centre commercial
de Dijon.
De fait, la plupart des maisons
de la rue des Forges furent habitées par une longue succession
de commerçants. Presque toutes furent créées pour
le négoce et plus ou moins décorées par leurs possesseurs
suivant leurs goûts et leur fortune acquise.
Le
rôle du changeur
est de donner moyennant paiement, à celui qui arrive
de l'extérieur de la ville, la monnaie utilisée
dans la ville, qui n'est pas la même partout, puisque
chaque grande cité commerçante (ou chaque
grand seigneur) a le droit de frapper sa propre monnaie.
Les changeurs travaillent surtout les jours de marché.
On peut les voir dans leurs boutiques se pencher sur de
minuscules balances très précises, derrière
un établi de bois sur lequel s'empilent des tas de
pièces variées. Dès le milieu du XIIème
siècle, à l'époque où Dijon
fut dotée d'une administration municipale, le développement
de son commerce avait exigé l'établissement
d'une maison de change. On peut se figurer les difficultés
soulevées alors sur les marchés locaux par
l'apport d'une multitude de monnaies différentes,
frappées sans règle commune.
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Au n°40
de la rue des Forges (actuel Hôtel Aubriot), on avait construit
en sous-sol de grandes caves voûtées sur piliers,
et qui accédaient directement à la rue par des escaliers
aboutissant à des ouvertures dont la hauteur n'atteignait
pas la taille humaine. Ces caves gardaient, en toute sécurité,
les dépôts monétaires et se nommaient les
Voûtes du Change.
Si le métier de
changeur présentait des risques, il offrait aussi de gros
bénéfices. L'un des premiers changeurs de Dijon s'appelait
Guillaume Aubriot et détenait cet office au XIIIème
siècle. C'est lui qui fit vraisemblablement construire, au-dessus
des Voûtes du Change, la belle façade aujourd'hui restaurée.
C'est dans cette maison que naquit son petit-fils Hugues, vers 1320.
Il fut le prévôt de Charles V. Il fut aussi le créateur
de la Bastille. |
La rue
du Change ou Grande rue Notre-Dame
(entre la place Notre-Dame et la rue Stéphen
Liégeard) : elle était peuplée de drapiers,
de chaussetiers et de merciers.
Au XVème siècle, le commerce de la draperie,
tant pour la vente que pour la fabrication, occupait à
Dijon plus de 3000 personnes. Mais on fabriquait plutôt
les draps communs, les tissus de laine. Comme il fallait suffire
à l'approvisionnement de la cour
ducale qui exigeait souvent des draperies d'or et d'argent,
on importait ce surplus de l'extérieur. La marché
des draps se tenait régulièrement aux alentours
de Notre-Dame, parfois même jusque dans le cimetière.
Seul le parvis de l'église était interdit aux marchands.
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Rapidement, au XVème
siècle, époque de prospérité pour
Dijon, les commerçants faisaient fortune, d'autant qu'ils
ne craignaient pas de diversifier leurs activités : Etienne
Chambellan était drapier et
s'occupait également des salines ducales ; Odinet Godran,
mercier, se livrait au commerce des grains. Ces commerçants
enrichis prêtaient aux gens d'épée, toujours
à court d'argent. De la sorte, il se forma bientôt
une bourgeoisie commerçante qui posséda les fiefs
acquis des gentilshommes débiteurs. Cette bourgeoisie régnait
à la Chambre de Ville et parvint peu à peu aux charges
de la magistrature. C'est d'elle que sortit plus tard la
noblesse de robe dijonnaise.
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La rue des
Forges (de l'hôtel Aubriot jusqu'au coin du Miroir, avant le XVIIIème
siècle) : ce nom est en rapport avec les métiers exercés
par ses habitants. Il ne faudrait pas imaginer ici des usines bruyantes
de maréchaux et de forgerons. Les forges dont il s'agit étaient
plus discrètes : forges d'armuriers, d'esperonniers, de fourbisseurs,
de coustilliers, de potiers d'étain, voire même d'orfèvres.
Ce qui n'empêchait pas le couturier, le pelletier, le cordonnier
de braver les inconvénients de leur voisinage.
Rue
de la Chouette : exemple
typique de dénomination de rue motivée par un signe
extérieur (petite chouette sculptée
sur l'un des contreforts au nord de l'église Notre-Dame).
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Rue
Chaudronnerie : cette rue fut dénommée
jadis comme étant le quartier général des marchands
de fer, mais seulement sur le parcours restreint entre la rue Vannerie
et la rue Jean-Jacques Rousseau. |
Rue
Verrerie : elle prit, au cours des âges, plusieurs
dénominations successives. Elle commença par s'appeler,
très anciennement, rue du marché aux porcs, puis rue du
sargis (étoffe de laine) et rue des Tondeurs, à cause
des fabricants de ces étoffes qui vinrent l'habiter. Dans la
suite, la partie comprise entre la place des Ducs
et la rue Chaudronnerie se nomma rue Verrerie, sans doute en raison
de quelques verriers qui s'y établirent. La rue Verrerie est
une évocation du moyen âge dans une voie étroite
où les maisons à colombages et à encorbellements
la bordent sur plus de 80 mètres.
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