Le tombeau de Jean sans Peur
Musée
des Beaux-Arts de Dijon
Philippe le Hardi
La Chartreuse de Champmol
Le Puits de Moïse
Le retable de la Crucifixion
Le tombeau de Jean sans Peur
Le duc Jean sans Peur ne veille pas seulement à l'achèvement du tombeau de Philippe le Hardi, il désire aussi que Claus de Werve lui fasse une sépulture semblable à celle de son père.
Le tombeau de Jean sans Peur n'est pas commencé lorsqu'il est assassiné au pont de Montereau en 1419 ; Claus de Werve meurt à son tour en 1439, sans même avoir pu trouver de bonnes pierres d'albâtres.
Philippe le Bon n'a plus d'imagier attitré à Dijon. Il charge donc en 1443 un certain Jean de la Huerta de l'exécution du tombeau. De la Huerta est originaire de Daroca en Aragon ; il est le meilleur imagier résidant à ce moment en Bourgogne. Il a été formé dans son propre pays à l'art funéraire d'inspiration burgondo-flamande.
Le contrat : Il est spécifié dans le contrat que le tombeau de Jean sans Peur doit être aussi bon ou meilleur, de mêmes hauteur et longueur, que celui de Philippe le Hardi. La dalle et le soubassement doivent être en marbre noir de Dinant, les arcatures et les pleurants, ainsi que les gisants du duc et de la duchesse Marguerite de Bavière, en albâtre extrait des carrières de Salins (dans le Jura aujourd'hui).
L'imagier aragonais n'est pas seulement occupé par son métier. C'est également un chercheur d'or. Il obtient du duc l'exclusivité pour l'exploitation des mines d'or, d'argent et d'azur en Bourgogne. Après des déboires dans l'exécution des gisants d'albâtre, Jean de la Huerta quitte Dijon en décembre 1456. L'oeuvre qui devait être menée à bien en quatre ans n'est pas achevée. En 1461, sur les conseils de sa soeur Anne, Philippe le Bon confie cette tâche à Antoine le Moiturier, neveu de Jacques Morel, l'auteur du tombeau de Charles de Bourbon et Agnès de Bourgogne à Souvigny exécuté de 1446 à 1452 sur le modèle de celui de Philippe le Hardi. Antoine le Moiturier, d'origine avignonnaise, s'emploie, de 1466 à 1469, à parfaire, polir et achever les pleurants, ainsi que les architectures d'albâtre.
En 1470, le tombeau prend place dans le choeur des pères de l'église de la Chartreuse de Champmol, en avant de celui de Philippe le Hardi.

L'architecture d'albâtre :
Les architectures d'albâtre sont plus compliquées qu'au tombeau de Philippe. Les arcatures sont dédoublées, le décor en est plus chargé, des tabernacles couronnent les statuettes d'angelots. A la partie supérieure court un bandeau où sont sculptés les emblèmes du duc Jean : sa devise, le rabot et les feuilles de houblon.

Le cortège des pleurants :
On retrouve la même ordonnance du cortège funèbre :
enfants de choeur, clergé, chartreux, puis deuillants appartenant à la famille et à la maison du duc.
Ils sont répartis d'une manière identique dans les travées doubles et des logettes triangulaires. Le désir de suivre le modèle laissé par Sluter est poussé au point de masquer par des piliers les occupants de ces derniers emplacements. Cependant, les pleurants se distinguent de l'autre tombeau en ce qu'ils n'ont pas de base.

A propos des statuettes :
Si la plupart des statuettes s'inspirent directement de celles du tombeau de Philippe le Hardi, on remarque de nombreuses variantes dans l'attitude, dans les gestes, dans les dispositions du drapé et dans les coiffures. Certains personnages nettement caractérisés du tombeau de Philippe n'ont pas été reproduits et d'autres sont entièrement nouveaux. Il existe, d'autre part, de véritables copies
, comme l'évêque et le dernier pleurant du cortège. Celles-ci sont médiocres et indignes du ciseau de l'aragonais ou de l'avignonnais. Leur exécution a sans doute été confiée à des compagnons d'ateliers.
Quelle est la part respective de Jean de la Huerta et de Antoine le Moiturier ? Autant il est difficile et peut-être imprudent de distinguer les pleurants de Claus de Werve de ceux sculptés par Sluter lui-même, autant il est permis de se livrer cette fois au jeu des attributions, en se laissant guider par ce que l'on sait du tempérament artistique des imagiers.
A Jean de la Huerta, qui exécute sans doute le plus grand nombre de pleurants, on est tenté d'attribuer ceux qui présentent une attitude mouvementée ou des effets de drapé avec remous de plis, introduisant dans le cortège une certaine agitation.
Il semble au contraire que le couple de chantres et celui des chartreux à l'attitude calme, au drapé d'une grande sobriété, aux visages d'un modelé lumineux, soient l'oeuvre d'Antoine le Moiturier. On lui attribbue avec raison le tombeau de Philippe Pot, où le thème des pleurants a pris des proportions monumentales.
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