est
faite avec la moutarde noire (brassica nigra). Sa graine est minuscule
: environ 500 000 graines par kilo. Cette graine sous la dent ne
pique pas. Elle a du goût, sans plus. Cette épice,
utilisée pendant des siècles dans cet état
brut (comme de la coriandre, du persil, du poivre, du sel), devient
piquante lorsqu'elle passe par un processus chimique.
Des graines
écrasées plongées dans un liquide quelconque
(verjus, vinaigre, vin blanc) fermentent avec le temps. La graine
de moutarde renferme de la sinigrine qui, hydrolisée au contact
du liquide par une enzyme (myrosynase) fait apparaître l'allylsénévol,
huile essentielle qui donne le piquant de la moutarde. C'est
la fermentation synapique. Dans les pièces des usines où
cette fermentation est mise en œuvre, il est impossible d'y rester
plus de quelques secondes car l'allylsénévol pique
les yeux et fait pleurer. Cette agressivité de l'allylsénévol
ne s'estompe qu'après une courte période de mûrissement
(une douzaine de jours).
Le liquide utilisé
à l'origine pour effectuer cette fermentation est le vinaigre.
C'est Jean Naigeon, un Dijonnais, qui vers 1752, substitue le
verjus au vinaigre. Cette recette fait la renommée
de la moutarde de Dijon.
|