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Le Duc, s'il
montre souvent un orgueil démesuré, sait se montrer le plus
accueillant des hôtes et, par mesure de réciprocité,
n'hésite pas à s'inviter à la table des riches bourgeois
de Bruxelles ou de Bruges. C'est d'ailleurs parmi les femmes et leurs
filles qu'il choisit ses maîtresses, les Jeanne de Presle, les Catherine
de Thieffries. On en recense vingt-quatre durant son long principat. Ce
ne sont ici que les maîtresses connues. Ces faciles conquêtes
le rendent père de dix-huit bâtards et filles illégitimes.
Deux d'entre eux, Corneille et Antoine, portent successivement le titre
envié de Grands Bâtards de Bourgogne.
Philippe le Bon est
un grand travailleur. Il prend les grandes décisions de son principat
mais se repose aussi sur des conseillers qu'il a le talent de bien choisir.
Le principal d'entre eux est Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne de
1422 à 1462. C'est un véritable premier ministre, habile
et dévoué.
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Le
gouvernement de Philippe le Bon :
Les grands officiers,
c'est-à-dire les plus hauts seigneurs de Bourgogne, le maréchal
de Bourgogne, l'amiral de Flandre, le sénéchal, le grand
chambellan de Bourgogne, le premier écuyer du duc se groupent les
jours de Conseil autour du tout-puissant chancelier et de son principal
collaborateur, Jean Chevrot, évêque de Tournai, le chef officiel
du Conseil ducal. Le duc Philippe préside souvent ces assemblées
restreintes qui sont le principal organe de son gouvernement avec le Parlement
de Bourgogne, les Etats généraux des deux Bourgogne pour
ses fiefs du sud, et, pour ses fiefs du nord, le Conseil judiciaire et
la Chambre des comptes de Flandre, la Cour de Brabant, la Cour de Hollande,
la Chambre des comptes de Bruxelles et les Etats généraux
particuliers des provinces.
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La maison privée :
La maison
privée de Philippe le Bon comporte les nombreux officiers de la
chambre, de la bouche (cuisine, paneterie, échansonnerie, etc ...),
de la vénerie, de la fauconnerie et des autres services de son
hôtel. Tous les serviteurs du duc revêtent les couleurs de
sa livrée, le gris, le noir et le blanc. En effet, Philippe décide,
après la mort tragique de son père, de ne jamais quitter
les couleurs du deuil et de les imposer aux gens de sa maison et à
tous les archers de ses "gardes de guerre" et ordinaires. Ce
deuil apparent et quelque peu ostentatoire n'empêche pas le Duc
de Bourgogne et sa Cour de mener une vie joyeuse.
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Philippe le Bon est plus
riche que dix rois :
Dijon, capitale du
duché de Bourgogne, Semur-en-Auxois, Mâcon, ces riches villes
entourées de magnifiques vignobles, Beaune, Autun, les cités
que le chancelier Rolin et sa famille enrichissent de dons et de somptueux
édifices, font grand honneur à Philippe le Bon, mais bien
que ces centres urbains ne lui causent aucun souci, il leur préfère
la Flandre et le Brabant à tel point qu'il envoie son héritier,
Charles, comte de Charolais, dans ses fiefs patrimoniaux jusqu'à
l'âge de vingt-huit ans ! Philippe le Bon aime résider à
Bruges, dans le superbe palais du Prinsenhof, à Gand dans le palais
Ten Halle, au milieu des Flamands cossus et des Flamandes aux formes opulentes.
Le villes flamandes sont des centres industriels prospères au début
du principat de Philippe le Bon. Gand compte soixante mille habitants,
Bruges et Ypres en ont trente mille. Ces villes prospèrent en particulier
grâce au commerce de la draperie. Bruges est la ville de la banque,
celles des changeurs italiens, les Arnolfini, les Portinari. Bruges est
aussi un des grands ports de la Hanse des marchands.
A la fin de sa vie, Philippe s'attache de plus en plus à Bruxelles
qui lutte avec Arras pour donner aux cathédrales et aux palais
princiers les plus riches tapisseries. Philippe modifie sans cesse son
magnifique palais du Coudenberg, qui couronne une colline entière
de Bruxelles, avec ses jardins, son verger, ses volières habitées
par des oiseaux exotiques.
Le duc, cependant, n'abandonne pas l'Artois. Il y a une de ses résidences
préférées, le château de Hesdin, célèbre
pour sa galerie de farces et attrapes, où d'ingénieux automates
aspergent d'encre ou inondent entièrement le courtisan novice.
L'Artois est l'un des plus beaux fleurons de la couronne de Philippe.
Le beffroi d'Arras symbolise fort bien la puissance des ducs-comtes et
la richesses des patriciens artésiens.
Les états burgondo-flamands ont comme annexe deux principautés
ecclésiastiques qui sont de véritables protectorats, la
principauté-évêché d'Utrecht et celle de Liège,
où le neveu de Philippe, Louis de Bourbon, connaît pendant
des décennies les pires difficultés avec la population.
Liège est en effet la ville des forgerons, des mineurs, de charbonniers
de terre.
Malgré un certain nombre de fautes politiques, Philippe le Bon
est un bon gestionnaire de ses fiefs.
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Philippe le
Bon est un mécène :
Il faut le reconnaître
: les plus beaux titres de gloire de Philippe le Bon sont d'avoir été
le protecteur éclairé des musiciens de l'école de
Hainaut et le véritable promoteur de l'école de peinture
de la pré-Renaissance en Flandre. Charles le Téméraire
ne sera ici que la continuation de l'oeuvre paternelle. Parmi les musiciens,
citons Gilles Binchois, né à Mons vers 1400 -il met en musique
les oeuvres des grands poètes de son temps, de Christine de Pisan
à Charles d'Orléans- et Guillaume Dufay, "la lumière
des chanteurs" et auteur de la mélodieuse Messe de l'homme
armé.
Philippe le Bon fait de Jan van Eyck
son valet de chambre, son ambassadeur, son serviteur privé. Pour
Nicolas Rolin, il peint la Vierge au donateur du Louvre, pour Giovanni
Arnolfini, le banquier du duc, il exécute le Portrait des époux,
l'un des sommets de la National Gallery de Londres. Le génie de
Roger de la Pâture, dit Rogier van der
Weyden, peut à bon droit être comparé à
celui de Jan van Eyck. C'est à lui que sont dûs les deux
meilleurs portraits de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire
; c'est à lui que Nicolas Rolin s'adresse pour exécuter
l'admirable polyptique du Jugement Dernier de l'Hôtel-Dieu
de Beaune.
Il ne faut pas oublier Hans Memling,
d'origine allemande. Portraitiste de Cour, il exécute le portrait
du Grand Bâtard de Bourgogne, conservé à Chantilly.
Mais il est avant tout un peintre religieux. C'est à Bruges qu'il
faut contempler sa Châsse de Sainte-Ursule. Toute son oeuvre religieuse,
Baptême du Christ, Résurrection, Martyr
de Saint-Sébastien, baigne dans une lumière d'une haute
spiritualité.
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Le
duc Philippe réussit, grâce à son habile stratégie
politique à maintenir ses états presque entièrement
hors du terrible conflit franco-anglais. Sinon lors de brèves périodes,
la Flandre, la Hollande, la Zélande, les deux Bourgognes jouissent
de la paix. Paix qui permet le développement prodigieux de ces
régions fertiles, peuplées d'hommes et de femmes laborieux.
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