Les Etats
n'existent pas sur toute l'intendance. La représentativité
des Etats de Bourgogne, réunis tous les trois ans à
Dijon sous la présidence de l'évêque d'Autun,
se limite à la noblesse d'épée (il faut être
noble de quatre générations au moins, posséder
un fief dans la province et être seigneur justicier : en fait
une quarantaine de membres), aux dignitaires de l'Eglise (au nombre
de 69 en 1700, ils sont 109 à la veille de la Révolution
: évêques, abbés, doyens, …), et aux représentants
des villes, qui sont souvent des bourgeois en mal d'anoblissement
(une soixantaine de personnes). Pour ces derniers, l'organisation
est assez compliquée : les maires des treize villes de la
Grande Roue sont présents à chaque session. Ces villes
envoient deux députés, sauf Dijon qui en envoie trois.
Les représentants des villes de la Petite Roue ne sont présents
qu'alternativement, avec deux députés.
Les villes
de la Grande Roue : Dijon, Beaune, Châlon, Semur, Montbard,
Avallon, Châtillon, Autun, Nuits, Saint-Jean-de-Losne, Auxonne,
Seurre et Auxerre.
La cohabitation
n'est pas toujours facile entre les trois états, ni même
à l'intérieur de chacun, notamment avec de fréquentes
querelles de préséances.
Les parlementaires,
le clergé bas et moyen, le plat pays, soit la grande majorité
de la population, ne sont pas représentés directement
aux Etats de Bourgogne.
Les Etats
décident, au moins en théorie, du montant de l'impôt
(taille, capitation, dixième, …). Le montant global
de l'impôt est en fait fixé à l'issue d'un négociation
menée avec les représentants du roi. La levée
des impôts est organisée en Bourgogne ducale par les
Etats eux-mêmes. Cette levée s'étale sur trois
ans.
Dans les autres régions
de l'intendance (les pays d'élections), le montant des impôts
est décidé par l'intendant et partagé entre
les élections.
Tous les
trois ans, les Etats assurent le droit de représentation
de leur province en présentant un cahier de doléances
au pouvoir central, lors du voyage d'honneur que les élus
font à Versailles pendant la deuxième année
de la triennalité.
Pour assurer
le suivi de l'administration entre les sessions trisannuelles,
les Etats de Bourgogne élisent les élus
et les alcades. Les élus sont au nombre de sept
ainsi que les alcades. Elus et alcades assurent la gestion des affaires
du pays pendant les périodes de trois années qui séparent
les sessions des Etats. C'est ainsi, par exemple, qu'ils organisent
la réalisation d'un bon réseau routier.
Elus et alcades ont sous
leur autorité une administration permanente. Elle est
composée, comme celle de l'intendance, de différents
commis organisés en bureaux. Ces bureaux sont placés
sous l'autorité des deux greffiers
et secrétaires en chef de la province. Ce sont
des officiers très importants qui appartiennent pendant
la plus grande partie du XVIIIème siècle à
deux familles, les Rigolley et les Chartraire.
Le personnel des Etats est
également composé du personnel technique des ponts
et chaussées et du personnel spécialisé (inspecteur
des haras, architecte de la province, graveur et imprimeur des Etats,
huissiers, concierge, …).
Les Etats
de Bourgogne ont donc des pouvoirs importants, bien que limités
par l'intervention des commissaires du roi dans les délibérations,
par le fait que leurs décisions peuvent être cassées
par le pouvoir central, et aussi par les conséquences d'un
endettement considérable.
En général,
les rapports sont plutôt bons avec l'intendant.
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Source
: Vivre en Bourgogne au XVIIIème siècle,
Benoît Garnot, EUD, 1996, pages 67-77
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