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Louis XI, roi de France (1423-1483)

Dès l'époque de Louis XI, le danger vient de l'Est. Il est représenté par Maximilien d'Autriche, empereur germanique et époux de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.
C'est pourquoi Louis XI insiste sur la nécessité de renforcer la défense de la ville. En 1478, il ordonne la construction d'un château à Dijon. Il y en aura aussi à Beaune et à Auxonne. Bien entendu, la défense de la ville et de la Bourgogne est, pour une part, un prétexte. Il s'agit de surveiller les habitants autant que de les protéger. Des sommes considérables sont prélevées pour ce travail qui suscite de nombreuses récriminations et laisse contre Louis XI, à Dijon, des rancoeurs encore tenaces au XIXème siècle, quatre cents ans plus tard !

Les architectes

Philippe de Montlevron, Vauzy de Saint-Martin, Jean le Nourrissier dirigent successivement les travaux qui continuent pendant tout le règne de Louis XI. A la mort du roi (1483), le château, construit à cheval sur le rempart de la ville, a la forme d'un vaste trapèze. A chacun de ses angles se trouve une tour cylindrique ; un petit boulevard fait saillie sur la courtine intérieure, défendant la porterie. Sous Louis XII, en 1515, on ajoute un boulevard en forme de fer à cheval opposé à la campagne.

le château de Dijon, avant sa démolition
Lorsque, par les traités d'Utrecht, la conquête de la Franche-Comté frontalière est définitivement assurée, les remparts cessent d'être entretenus et commencent à servir de lieux de promenade, tandis que les fossés deviennent des jardins. Seul le château reste intact et le reste jusqu'à la fin du XIXème siècle, avec son gouverneur, un lieutenant et une petite garnison. Dès 1684, on aménage des logements militaires dans les tours.

A la fin du XIXème siècle, on entreprend la démolition du château, devenu caserne de gendarmerie et surnommé le "château des gendarmes". L'opinion publique lui est hostile.
Propriétaire de l'ensemble des fossés en 1861, la ville s'empresse de les remblayer. Pendant l'occupation prussienne en 1871, la municipalité commence la démolition des tours et fait raser les courtines nord et est. Les prétextes en sont qu'il faut employer les ouvriers désoeuvrés pendant l'hiver et que la ruine présente un grand danger pour la sécurité publique. Les travaux sont arrêtés sur ordre exprès du préfet.
C'est alors que l'architecte Charles Suisse publie en 1876 un ouvrage remarqué où il reconstitue le château dans toute sa splendeur idéalisée. Cette monographie influence le ministère des Beaux-Arts suffisamment pour entraîner le classement des ruines du château au titre des monuments historiques.

En 1880, le projet de démolition réapparaît, lié à la suppression totale de l'ancienne enceinte. Le château est attaqué de toutes parts par des patriotes locaux qui veulent prendre une revanche sur Louis XI ainsi que par des individus qui professent des idées politiques avancées. Beaucoup d'amoureux des arts tentent de s'interposer mais la politique gêne la défense du château : les démolisseurs brandissent l'étendard du progrès contre les "artistes" réactionnaires.
Le ministre cède ; le château est déclassé par arrêté du 5 juillet 1887 et démoli par morceaux. Le chantier de démolition, ouvert en février 1891, se termine en 1897. Il emploie plus de cent ouvriers.
Son emplacement sert notamment à construire le Temple protestant (boulevard de Brosses) et la Poste (Grangier) devant laquelle on crée, à partir de 1910, la place Grangier.

Rares sont les Dijonnais d'aujourd'hui qui se souviennent avoir eu un château.

Sources :
-
Histoire de Dijon, Univers de la France, Privat, Toulouse, 1987
- Muraille de Dijon, le château de Dijon, Nicolas Faucherre, Musée archéologique de Dijon, juillet-septembre 1989.