La crème de cassis de DIJON   ACCUEIL

23 Mai 97 - DIVERS

Histoire de cassis

C'EST doux et fort à la fois avec quelque chose de subtil. A la moitié du verre ballon, on sent une douce chaleur au creux de l'estomac. A la dernière goutte, on est gagné par l'euphorie. Et d'un geste naturel on prend le second verre que l'on vous tend.

Inventée il y a plus de cent cinquante ans à Dijon, c'est en 1945 que la crème de cassis a acquis ses lettres de noblesse. Grâce au chanoine Kir et à son apéritif fétiche. En fait, tout commença vers 1935. Quand la municipalité socialiste de l'époque eut l'idée de remplacer les traditionnels mousseux des réceptions officielles par un vin blanc-cassis. Selon les élus, la belle couleur pourpre du breuvage affirmait mieux leurs convictions progressistes. Elu maire dix ans plus tard, le chanoine Kir fit de cet apéritif l'un des meilleurs ambassadeurs de la ville. Privilège partagé toutefois avec une certaine moutarde!

C'est en 1841 qu'un liquoriste dijonnais eut l'idée de fabriquer une véritable liqueur en faisant macérer dans l'alcool des baies de cassis. Bien plus élaborée et d'une saveur beaucoup plus fine que le ratafia de cassis, consommé sous la forme d'un tord-boyaux rustique, un peu raide pour les gosiers délicats, la crème de cassis était née.

Les pieds de cassis poussaient alors dans les jardins familiaux à côté des groseilliers, dont ils sont cousins germains. La vogue du cassis grandissant, les maisons de crème se multiplièrent, encourageant le développement de la culture, à un tel point que, vers 1870, on comptait près d'un million de pieds de cassissiers répartis sur 300 hectares.

Vers la fin du XIXe siècle survient une fameuse catastrophe: le phylloxéra détruit la presque totalité du vignoble, entraînant l'arrachage des vignes malades et donnant une impulsion à la culture du cassis. Pour les vignerons, cela devient une activité de remplacement ou d'appoint. Les cassissiers, jusqu'alors plantés dans les vignes entre les ceps, sont concentrés dans des plantations indépendantes.

On connaît la suite... Les Dijonnais prirent l'habitude de demander un Kir dans les bistrots de la cité et dans ceux des environs. Un jour, les chansonniers parisiens, dont le chanoine alimentait régulièrement les chroniques par ses nombreuses extravagances, rapportèrent l'affaire. Comme une traînée de poudre, la mode se répandit en France et gagna l'étranger.

Le vin blanc-cassis serait aujourd'hui le deuxième apéritif le plus consommé par les Français tant au café qu'à la maison. Bien que l'on retrouve quelques gouttes de cassis sur le corps sensuel de Marilyn, et que Chanel no 5 tire son essence du bourgeon de cassis cultivé spécialement pour les parfumeurs de Grasse, 80% de la production de cassis sert à la confection d'apéritifs et de cocktails. Pour mériter l'appellation de Kir, il faut un quart de cassis et trois quarts de bourgogne aligoté. D'autres vins blancs secs sont tout de même tolérés. Le 'Cardinal', qu'on peut appeler 'Communard' selon ses convictions, est composé, quant à lui, de cassis et de vin rouge.

Le fruit de cassis s'accommode sous forme de liqueurs et sirops, de confitures, gelées et confiseries. Il s'apprécie en desserts, dans certaines sauces et en accompagnement de certains plats. S'apprécient également les petites vrilles de l'arbuste, utilisées en condiment, et les feuilles ou les bourgeons. Ils aromatisent des vinaigres, et entrent dans la composition de quelques vins.

 

L'Humanité




Bientôt une AOC Cassis de Bourgogne ?

Le Syndicat national des fabricants de liqueurs de Dijon vient de déposer un dossier auprès de l'INAO (Institut National des Appellations d'Origine) pour obtenir une appellation AOC « Cassis de Bourgogne ». Chaque année, 16 millions de litres de crème de cassis sont fabriqués en France, dont 80% en Côte d'Or. La majeure partie des bouteilles produites le sont à Dijon où l'on trouve les grandes marques du domaine : L'Héritier-Guyot, Lejay-Lagoute, Boudier et Briottet. Cette production a droit à la dénomination de « Crème de cassis de Dijon », accordée par Bruxelles aux produits élaborés sur le territoire de la commune par macération des fruits.

Par iacchos (Source : VinoMedia)

[Catégorie : Législation]
16/06/2001

Plus d'histoire

 

  ACCUEIL