La construction de château
de Montmusard -le château des Muses- est l'aboutissement et
la finalité d'une politique familiale menée pendant
plusieurs générations. Il fut édifié par
Claude-Philibert Fyot de la Marche et
par son fils Jean-Philippe Fyot de la Marche.
Le château, vendu, est aux trois quarts démoli en 1795.
Comme
l'indique la plaque de fondation, en juillet
1765 commencent les travaux du château. Charles Wailly
en est l'architecte. Devant un corps de bâtiment qui relie
deux ailes parallélépipédiques, et entre elles,
s'élève, à l'est, un odeum ou temple d'Apollon,
et à l'ouest (du côté des remparts de Dijon),
un salon des Muses. La décoration évoque le dieu des
arts et du soleil, présidant naturellement aux divisions
de l'année, aux saisons et aux mois : le sculpteur François
Attiret fait six statues de composition représentant les
quatre saisons et Melpomène et Thalie. Elles ornent le péristyle
de Montmusard où Attiret a également sculpté,
dans l'intérieur, douze beaux bas-reliefs d'après
les dessins de François Devosge. Devosge qui fait le projet
de plafond pour le dôme du salon circulaire : il représente
Apollon entouré des Muses sur le sommet de l'Hélicon.
Les écoinçons représentent des scènes
de la vie du fils de Zeus et de Lêto, dessinées aussi
par Devosge.
Une fois le château achevé, Jean-Philippe, Premier
Président, organise alors des réceptions et des fêtes
somptueuses que rapportent les chroniques de l'époque.
Claude-Philibert
Fyot de La Marche, le père de Jean-Philippe, meurt en 1768.
Son héritage est insuffisant pour combler le déficit
énorme et rembourser les dettes accumulées pour la
construction du château tant auprès de l'Hôpital
Général que des parlementaires dijonnais. Jean-Philippe
doit abandonner son temple des Muses. Las de lutter pour
un édifice maintenant terminé et qu'il ne peut plus
entretenir, sans doute malade, il démissionne de sa charge
de Premier Président en avril 1772, dans laquelle lui succède
Charles de Brosses. Jean-Philippe Fyot de
La Marche meurt le 10 octobre 1772.
Ses biens reviennent
à ses sœurs, à son oncle et à son neveu. Sa
sœur Marie-Madeleine hérite le domaine de Montmusard. Elle
vend aussitôt le château et son parc à Jacques
Demay, négociant très fortuné de Arc-les-Gray.
La fille de Jacques Demay en hérite en 1779. Son fils aîné,
Claude-Hubert Antony reçoit Montmusard en 1784 à la
mort de ses parents, transforme le château et son parc en
propriété de rapport. Il mure une partie des ouvertures
et vend la coupole en plomb en 1793. Il fait démolir les
deux tiers de l'édifice vers 1795 et transforme en corps
de logis le passage entre les deux anciennes ailes. Le château
adopte alors un plan en forme de T.
Après
différentes successions, la propriété est malheureusement
morcelée dès 1867. Vendus pas parcelles, amputés
de la partie sud lors de l'installation de la ligne de chemin de
fer et de la gare Porte-Neuve, parcs et jardins disparaissent. A
leur emplacement est né un quartier nouveau. Seul subsiste
un terrain boisé de moins de trois hectares (délimités
par les anciennes allées devenues des rues) et le moignon
du château qu'accompagnent aujourd'hui des bâtiments
scolaires (école Saint-Dominique, rue Claude Bouchu) (voir
Notes).
Notes
:
A la mort de J.B. Ernest
Grasset, le 16 septembre 1875, la propriété échoie
à l'un de ses fils qui la cède à la société
Saint-Stanislas qui la revend en 1881. Elle passe alors entre les
mains de MM. Bilié et Ferry avant d'être acquise en
1909 par Denis-Charles Debost dont la famille la possède
jusqu'en 1926. Elle appartient aujourd'hui à la société
civile immobilière de Saint-Dominique qui y gère une
école privée. Les restes de l'ancien château
servent d'habitation et de bureaux à quelques religieuses.
Les deux salons ont été transformés pendant
un temps en salles de classe tandis que la chapelle a été
installée dans l'ancienne cuisine couverte de voûtes
d'arêtes.
Source : Les cahiers
du vieux Dijon, n°6, Le château de Montmusard, Yves Beauvalot,
1978.
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