Rebsamen,
vrai numéro 2 du PS sur le dos de
Fabius
Le référendum interne a renforcé son rôle
auprès de Hollande.
Par Paul QUINIO
mercredi 05 janvier 2005
Laurent
Fabius, numéro 2 du Parti socialiste ? En titre,
oui. En vrai, non. Depuis le 1er décembre, date de la consultation
interne sur le traité européen, l'ex-Premier ministre
a certes gardé sa casquette de capitaine en second acquise
lors du congrès de Dijon en mai 2003. Mais l'échec
de la mutinerie du non a dépossédé le député de
Seine-Maritime de son influence au sein de la direction. Il est
même devenu le numéro 1... des opposants de François
Hollande.
Qui remplace Fabius
comme numéro 2 ? Il faut chercher son
successeur parmi les trois bras droits dont dispose aujourd'hui
le premier secrétaire. Certains membres de la direction
prétendent même que Hollande s'est entouré de
trois numéros 2. Julien Dray, le porte-parole du PS et ami
personnel du député de Corrèze ? Il est dans
une relation trop personnelle pour remplir ce rôle. Stéphane
Le Foll, son directeur de cabinet ? Il est le seul capable de «se
mettre en colère contre Hollande», assure un membre
de la direction. «C'est en lui qu'il a le plus confiance»,
dit un député. Mais il manque à Stéphane
Le Foll une légitimité électorale que ne comble
pas son entrée au Parlement de Strasbourg.
«Aucune fatwa». Reste François Rebsamen, le
responsable du secteur clé des fédérations,
par ailleurs maire de Dijon depuis 2001. «C'est un cardinal
plus diplomatique que sa fonction ne le laisse penser», s'amuse
un dirigeant socialiste. Autrement dit, derrière son sourire
limite carnassier et ses airs de latin killer, Rebsamen a l'avantage
de n'être fâché avec personne. «Il n'a
prononcé aucune fatwa dans le parti», indique le député de
Paris, Jean-Christophe Cambadélis. «Il donne le sentiment
de ne jamais vouloir la bagarre», abonde Claude Bartolone,
malgré le rôle décisif de Rebsamen pour l'organisation
du référendum interne.
Car c'est après leurs échanges de la mi-juillet, à l'occasion
d'une virée entre amis au rassemblement de voiliers Brest
2004, que François Hollande a décidé de se
lancer dans la bagarre européenne. Et de déclencher
les hostilités dès l'université d'été de
La Rochelle, fin août. Rebsamen lui fournit alors une première
estimation du oui légèrement au-dessus de 50 %, malgré l'avance
prise à l'époque par des partisans du non déjà en
campagne. Un quasi-feu vert.
Autre moment clé où le responsable des fédérations
avait été très présent : le congrès
de mai 2003 qui se tenait dans sa ville de Dijon. Là encore,
Hollande avait longtemps été donné menacé.
Mais l'homme des fédérations tenait l'appareil. «Quand
il parle, je l'écoute», confie le premier secrétaire.
Surtout quand il émet un pronostic, ou suggère une
date, en l'occurrence le 1er décembre, pour organiser la
manoeuvre.
Rêve. François Rebsamen ne veut toutefois pas se
laisser enfermer dans ce rôle d'apparatchik qui connaît
les fédérations sur le bout des doigts. «Je
suis capable de penser, d'apporter des idées. J'ai mis des
choses en place dans ma ville», dit-il pour anticiper les
critiques qui lui sont faites de ne jamais intervenir sur les questions
de fond lors du bureau national. «Je n'ai pas l'intention
de rester à l'écart du débat sur notre projet
pour 2007», prévient encore celui qui se rêve
beaucoup plus en éventuel ministre de l'Intérieur
en cas de retour de la gauche au pouvoir qu'en successeur potentiel
de Hollande à la tête du parti.
En attendant, François Rebsamen va devoir, dans les mois
qui viennent, se contenter du costume d'homme d'appareil pour organiser
la campagne socialiste du référendum que Jacques
Chirac a annoncé pour avant l'été. Hier encore,
il était d'ailleurs dans le bureau de François Hollande
pour discuter de la stratégie à suivre. Mais là,
il lui manque encore une donnée qui ne dépend pas
de lui : la date précise de la consultation.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=265916
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