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Dijon
: l'OIP dénonce le manque d'hygiène alimentaire à la
maison d'arrêt
Paris, le 3 novembre 2004
L'inspection réalisée le 17 septembre 2004 par les
directions départementales des affaires sanitaires et sociales
(DDASS) et des services vétérinaires (DDSV) met en évidence
des dysfonctionnements en matière d'hygiène alimentaire à la
maison d'arrêt de Dijon.
Alerté au mois de juillet 2004 par des personnes détenues
et des familles sur des cas de troubles digestifs, sur l'arrêt
de la distribution des produits basiques d'hygiène et sur
l'absence de réfrigérateurs pour conserver les produits
frais vendus en cantine, l'OIP saisit la DDASS de la Côte-d'Or
et l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales)
par courrier le 27 juillet. Une mission conjointe DDASS/DDSV se
rend à la maison d'arrêt le 17 septembre afin d'aborder
les points soulevés par les personnes détenues et
leurs familles et effectuer une inspection de la cuisine de l'établissement
pénitentiaire.
L'inspection de la cuisine
a « mis en évidence des
non conformités déjà signalées pour
certaines lors de la précédente inspection de mars
2004, et qui n'ont pas fait l'objet de mesures correctives. Ces
dysfonctionnements présentent un risque réel pour
la survenue de toxi-infections alimentaires collectives, et des
améliorations doivent être apportées dans les
meilleurs délais ». Relevant qu'aucun des travaux
de restructuration des locaux de restauration n'avait été entrepris, « contrairement à ce
qui avait été annoncé lors de la dernière
visite du 4 mars 2004 », l'inspection rappelle que l'état
actuel de la cuisine « ne permet pas d'éviter suffisamment
les contaminations croisée entre secteurs propres et secteurs
contaminés » et demande que les risques d'altération
ou de détérioration des denrées alimentaires
soient évités en « les maintenant à des
températures inférieures ou égales à celles
figurant sur leurs étiquetages d'origine ». Les contrôles
de l'état des emballages et de la température des
denrées livrées devront être effectués
sur l'ensemble des produits livrés, les produits entamés étiquetés
et un système de traçabilité mis en place « sans
délai ». Il est également demandé à l'administration
pénitentiaire de veiller à ce que le lave mains situé à la
sortie des toilettes soit « pourvu de moyens hygiéniques
de lavage et de séchage des mains » et que « le
distributeur de papier hygiénique soit approvisionné en
permanence ». Quant au personnel travaillant en cuisine,
il devra « être équipé d'une coiffe englobant
l'ensemble de la chevelure » et bénéficier
d'une formation en matière d'hygiène.
Entre le 6 et le 8 juillet,
quatre femmes détenues victimes
de diarrhées et de troubles digestifs sont vues en consultation à l'UCSA
de la maison d'arrêt. Les troubles disparaissent après
qu'un traitement leur soit prescrit. Selon l'inspection, « la
survenue de l'épisode de début juillet, limité à quatre
personnes, n'est pas en faveur d'une toxi-infection alimentaire
collective qui pourrait être liée à la préparation
des repas servis aux détenus ». Cependant, « une
hypothèse pourrait être la mauvaise conservation des
produits frais achetés à la cantine par les détenus,
et qui, faute de disponibilité de réfrigérateurs
dans les cellules, sont stockés à température
ambiante ». Bien que rénovée après la
mutinerie de 1996, la maison d'arrêt ne dispose pas d'installations électriques
permettant l'usage de réfrigérateurs en cellule pour
le stockage des aliments frais tels que laitages, fruits et légumes
ou charcuterie qui ne sont livrés aux détenus qu'une
fois par semaine. L'inspection note que « ces produits sont
généralement stockés sur les rebords des fenêtres,
d'où le risque de prolifération de germes, et ce
plus particulièrement en période estivale ».
Précisant que la direction de l'établissement « s'est
engagée à apporter aux détenus la possibilité de
disposer d'un réfrigérateur pour la bonne conservation
des produits frais d'ici fin 2004 », la DDASS conclut qu'en
attendant, « une information de l'ensemble des détenus
sur les conditions de conservation de ces produits devra être
assurée dans les plus brefs délais ».
Suite aux plaintes concernant
la raréfaction de la distribution
aux détenus des produits basiques d'hygiène tels
que papier hygiénique, savon, éponge ou détergent,
la DDASS relève qu' "un dysfonctionnement a été effectivement à l'origine
d'un retard dans la distribution des produits d'hygiène
durant la période estivale. (...) L'absence prolongée
d'une des personne ayant en charge cette tâche a engendré un
oubli de distribution sur 15 jours. Aujourd'hui, la direction dit être
vigilante sur la distribution".
L'OIP rappelle :
- l'article D.349 du
Code de procédure pénale, qui
prévoit que "L'incarcération doit être
subie dans des conditions satisfaisantes d'hygiène et de
salubrité, tant en ce qui concerne l'aménagement
et l'entretien des bâtiments, le fonctionnement des services économiques
et l'organisation du travail, que l'application des rêgles
de propreté individuelle et la pratique des exercices physiques".
- l'article D.354 du
même code : "Les détenus
doivent recevoir une alimentation variée, bien préparée
et présentée, répondant tant en ce qui concerne
la qualité et la quantité aux règles de la
diététique et de l'hygiène (...)".
- L'arrêté ministériel du 29 septembre 1997
( ministère de l'agriculture et de la pêche) applicable
dans les établissements de restauration collective à caractère
social, concernant notamment les établissements pénitentiaires,
dont les dispositions fixent de manière stricte les conditions
d'hygiène.
Source/auteur : www.oip.org
Mis en ligne le jeudi 18 novembre 2004, par Frederique
http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=5022
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