La
chouette aux caresses
LE
MONDE | 16.02.01 | 13h23
MIS A JOUR LE 16.02.01 | 13h30
Maltraitée puis soignée, la chouette de l'église
Notre-Dame sera de nouveau choyée, mais sous l'oeil des caméras.
Ce fut une grande émotion collective dans la capitale de
la Bourgogne.
Le
5 janvier, la chouette de pierre, porte-bonheur des Dijonnais, qui
orne le flanc de léglise Notre-Dame a été
décapitée à coups de marteau et sérieusement
blessée à laile gauche. Lauteur de cet
acte de vandalisme court toujours.
Grâce
à un moulage, Jean-Loup Bouvier, restaurateur de monuments
historiques, a taillé dans un bloc de pierre rosée
de Comblanchien une carrière proche de Dijon
une tête et une aile qui ont été greffées
sur la sculpture. Puis un coup de badigeon dhuile de lin et
de corne de buf a été donné pour retrouver
laspect originel.
La convalescente est encore cachée par une pudique palissade.
Le ballet des caresses de la main gauche et en formant un
vu, comme il est dusage va bientôt pouvoir
reprendre. Tout le monde célèbre lanimal. Il
suffit de lire tous les graffitis sur la palissade. Clément
de Draguignan, quatre ans, a fait écrire par ses grands-parents
«Jaime la chouette de Dijon depuis longtemps et je ne
manque jamais de la caresser lorsque je suis de passage dans la
cité.» Et, tandis quune main anonyme appelle
à la «vengeance» contre le «maudit»
qui a cassé licône, une malicieuse «mini-chouette»
dit son amour à un certain Sofiane. «Vive la chouette
qui rit et qui pète!», conclut un espiègle.
A
force, ces milliers de mains qui se sont portées sur la petite
chouette depuis le XIIIe siècle date dachèvement
de la doyenne des églises de Dijon lui ont usé
les yeux et le bec. Lorigine de la figurine, comme du rite
qui laccompagne, est mystérieuse. Au siècle
dernier, un historien dorigine dijonnaise Eugène Fyot
voyait en elle «la signature de lun des maîtres
duvre de Notre-Dame qui sappelait peut-être
Chouet ». La chouette tant adulée sera placée
sous la surveillance permanente dune caméra.
Christiane
Perruchot
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