Onze
morts dans ces décombres
L'effondrement
d'un immeuble de quatre étages à Dijon, en pleine
nuit de samedi à dimanche (du 4 au 5 décembre 1999),
a fait onze morts et trois blessés. L'hypothèse d'une
explosion de gaz devra être vérifiée.
ONZE PERSONNES ont été tuées et trois
autres blessées dans l'effondrement d'un immeuble de quatre
étages, à Dijon, soufflé dans la nuit de samedi
à dimanche par une explosion dont l'origine était
encore indéterminée hier soir.
Hier,
en début de soirée, un responsable des secours a confirmé
que le bilan « à la clôture des opérations
» était de onze morts : six femmes, trois hommes et
deux fillettes. Il y a eu trois blessés, dont un enfant grièvement
atteint. L'immeuble situé dans un quartier résidentiel
dans le sud-ouest de Dijon, s'est effondré avec une puissante
déflagration en « millefeuilles », comme disent
les spécialistes, peu avant minuit. Les premiers sauveteurs
ont fait état d'une forte odeur de gaz à leur arrivée
sur place, mais les causes de l'explosion présumée
n'avaient pas pu être déterminées avec certitude
dimanche. Dans un communiqué, Gaz de France a indiqué
que les canalisations avaient fait l'objet d'une inspection au début
de l'année, et qu'aucun appel signalant une odeur de gaz
n'avait été reçu ces derniers mois. Par précaution,
la desserte de gaz a été coupée dans tout le
quartier. Pendant une partie de l'après-midi, deux pelleteuses
amenées sur le site ont extrait de la partie d'immeuble restée
intacte d'énormes quantités de gravats, au milieu
desquels on pouvait apercevoir des lambeaux de vêtements.
UNE
FÊTE
Parmi les victimes, figuraient quatre personnes réunies pour
fêter l'anniversaire d'un ami dans un des appartements de
l'immeuble effondré. Elles ont été retrouvées
écrasées mais toujours assises sur le canapé
où elle se tenaient. « C'est l'horreur », commentait
un sauveteur. Situé rue Gustave Eiffel, l'immeuble de huit
appartements était le dernier élément d'un
ensemble d'une soixantaine de mètres de long. L'ensemble
apparaît comme coupé à l'endroit où l'immeuble
s'est effondré. Construit dans les années cinquante,
l'immeuble n'avait pas de murs porteurs intérieurs. Seules
les deux façades extérieures, en pierre, soutenaient
l'édifice. Les trois étages se sont donc empilés
sur le rez-de-chaussée, et l'ensemble des décombres
atteint seulement la hauteur de la moitié du premier étage.
Le reste de l'ensemble n'a pas souffert de l'effondrement, mais
ses occupants ont été aussitôt évacués.
A
MAINS NUES
Dès les premières heures de la nuit, une cinquantaine
de sapeurs-pompiers se sont mis au travail, accompagné de
quatre équipes cynophiles, et de secouristes. Les sauveteurs
se sont relayés tout au long de la journée, travaillant
à la fois à mains nues et avec l'aide des pelleteuses.
Jusqu'au bout, les sauveteurs, dont plusieurs ont participé
aux opérations de secours en Turquie après le récent
tremblement de terre, ont gardé l'espoir de retrouver des
survivants. Une cellule de soutien psychologique a été
mise en place pour aider les parents et les proches des victimes.
De très nombreux badauds, retenus par des barrières
de police, se sont rendus sur les lieux de la catastrophe durant
la journée de dimanche. Une fois dégagés des
décombres, les corps des victimes, enveloppés dans
un sac en plastique blanc, ont été transportées
à l'Hôpital général de Dijon pour identification
puis déposés dans la chapelle de l'hôpital transformée
en chapelle ardente. Le procureur de la République était
présent sur les lieux au cours de la nuit, ainsi que le maire
de Dijon et le préfet de Côte-d'Or.
CHEVÈNEMENT
: ENQUÊTER
Le ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement,
a fait part, dimanche soir, de « son émotion et sa
sympathie » aux familles des victimes et leur présenté
les condoléances du gouvernement. « Les sauveteurs
qui sont intervenus avec rapidité et compétence, ont
fait preuve d'un grand dévouement qu'il conviendra de saluer
», a poursuivi M. Chevènement dans un communiqué.
« L'enquête qui s'est engagée sans tarder permettra
de comprendre les causes de ce drame et de définir les responsabilités
éventuelles imputables soit au mode de construction, soit
à l'état des infrastructures », conclut le ministre
de l'Intérieur.
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